UNE JEUNE GOUVERNANTE
extrait d’un récit focalisé sur une rencontre

Je voulais vous raconter, mes chers enfants, tout ce que j’ai pu vivre auprès de votre père et de votre grand-père. Mais comme je ne veux pas tout dire de ce qui a été ma vie avec lui, et bien, je me concentrerai sur notre rencontre et les semaines qui ont suivies. Parce que, dans mon souvenir et dans mon cœur, ces moments-là ont été les plus beaux de ma vie. Et puis, pour vous dire combien cette époque a été belle et étrange aussi, avec beaucoup de charme et de romantisme, comme dans les films, non pas à l’eau de rose, car je ne les aime pas, mais ceux qui parlent d’amour avec pudeur.
Ma nouvelle vie
Je n’avais que dix-neuf ans et, à l’époque, on ne pouvait être majeur qu’à vingt et un ans. Ma mère avait travaillé longtemps pour les grandes familles de Cannes et elle avait pu me trouver une place. Je devais donc quitter ma campagne, comme elle l’avait fait auparavant, nous laissant sous la conduite de notre sœur ainée, qui avait quinze ans de plus que mois. Je devais donc me faire à la vie mondaine, même si ça ne me disait franchement rien.
Et me voilà dans ma nouvelle chambre, sous les toits. Mais des toits bien peints, avec de belles poutres blanches, et un mur tout recouvert d’une jolie tapisserie et aussi une porte fenêtre d’où on pouvait voir un beau jardin. Dans ce jardin, on pouvait admirer les plantes luxuriantes des régions méditerranéennes. Il y avait aussi un long et large bassin avec des nénufars et des jets d’eau. Mais, malgré toute cette beauté, je restais toute triste car je n’avais vraiment pas envie de travailler là. Je savais que je devais apprendre le métier de gouvernante auprès de Mademoiselle Magnan, une vieille dame sèche mais qui avait l’air très gentille. Pourtant, non, ça ne m’intéressait pas. J’aurais préféré apprendre la couture, comme ma sœur Paulette, ou bien, me marier avec un professeur, comme ma sœur Céline. Mais je n’avais pas le caractère porté à la révolte. Alors voilà. Je restais là, à attendre, dans ma jolie petite chambre, que mademoiselle Magnan vienne me chercher.
Il paraît que j’étais jolie. Ma foi, on me l’avait dit. Et à chaque fois, j’avais rougi. Alors, quand mademoiselle Magnan est venue me chercher et après avoir commencé à apprendre le métier, j’ai dû faire connaissance avec les maîtres de ce petit manoir où je devais rester encore longtemps. Ils étaient assez gentils et dès qu’ils me virent, m’avaient, eux-aussi, trouvé jolie. Mon Dieu, pourtant je ne me pensais pas ni jolie encore moins belle ! Mais bon, ça faisait toujours plaisir à entendre. Et puis voilà, le temps a passé, quelques semaines. J’ai progressivement commencé mon travail, en m’appliquant et avec du courage, car j’étais toujours triste d’avoir quitté mon petit village entouré d’arbres et de champs.
La rencontre avec Fernand
Maintenant, je vais vous raconter tout ce qui s’est passé ensuite. Et c’est là que cette histoire devient vraiment intéressante.
(…)
Fernand et moi Liliane L